Coulisse de création : l’identité visuelle de Roxanne Simon, généalogiste

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Un beau matin, comme tous les jours, je vérifie mes mails et je tombe sur une demande d’une certaine Roxanne. Elle vient tout juste de terminer une formation sur l’ouverture d’une entreprise et a récemment obtenu son numéro Siret pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en tant que généalogiste familiale.

Son projet


La demande parait simple à la base : elle a besoin d’un logo, d’un flyer et d’une carte de visite pour prospecter. Elle se débrouille pour son site.

Jusque-là, pas de problème. Mais, car oui, vous l’avez vu venir il y a un « mais ».

Se sont ses produits les « mais » ce qu’elle va vendre à ses clients : un livre de famille et un arbre généalogique entièrement personnalisé et personnalisable par ses soins par soucis d’économie.

Elle a pour projet de créer un livre qui retrace l’histoire de la famille de chacun de ses clients. Mais n’a clairement pas les moyens de payer le maquettage d’un livre à chaque fois, il lui faut une maquette prête à remplir.

D’autre part, elle souhaite faire imprimer sur toile un arbre généalogique qu’elle complètera avec les informations de ses clients. Là encore, il lui faut la maquette vierge, prête à l’emploi.

Comme Roxanne est de Vic-le-Fesq, un village à moins de 4km du mien et que sa demande est vraiment particulière je propose une rencontre de visu dans un café du coin, histoire de faire encore travailler un entrepreneur local 😉 .


Pour les petits curieux qui se demanderaient comment Roxanne m’a trouvé sur la grande toile de l’internet mondial : elle a tapé «graphiste Vic-le-Fesq» dans Google et Google My Business a fait le reste. Comme quoi, il ne faut pas hésiter à faire une recherche géographique précise quand vous cherchez un prestataire. Et ne pas hésiter à mettre votre vraie localisation pour dénicher des contrats comme celui-ci. J’ai longtemps hésité à mettre Nîmes, Montpellier ou Alès au lieu de Cannes et Clairan. J’ai eu raison d’opter pour la deuxième option, sinon elle ne serait jamais tombée sur mon site.


La rencontre et le brief



pixabay

Je me pointe au lieu de rendez-vous avec un peu d’avance. J’aime bien, ça me permet de me mettre dans un état d’esprit où je ne me fais pas parasiter par autre chose que mon rendez-vous. Moi qui ai tendance à avoir 1000 pensées à la minute, ça ne me fait pas de mal de calmer un peu la machine, surtout avant un rendez-vous comme celui-ci où je sais qu’il va falloir que je rivalise d’inventivité pour rendre les maquettes modifiables accessibles pour ma cliente complètement étrangère à l’univers Adobe.

Me voilà donc assise à cette table dans le café restaurant du coin avec mon thé au citron à attendre ma cliente. Je prépare une page de note sur mon ordinateur portable… qui plante ! Mais pourquoi ??? Mais non ! C’est un Mac Book Pro c’est pas censé planter comme ça ! Bon, redémarre. Aaaaargh rien ne répond ! Même pas le « forcer à quitter »… Tant pis, en mode Rambo, j’éteins à la sauvage et je rallume. « Oh non je crois que j’ai pas enregistré le dernier projet sur Illustrator… » Moi qui voulais être zen et en pleine possession de mes moyens pour ce rendez-vous c’est mort. Allez on se reprend, je redémarre et on y va. Justement sur le parking une voiture se gare.

Premièrement je note comment elle est habillée. Sans être extravagante elle a un style à elle. Une couleur dominante pour un vert-bleu, bleu canard entre son haut et ses boucles d’oreilles. Pas de maquillage très prononcé, s’il y en a il est léger. Soignée mais sans superflu. Cette méthode d’analyse physique peut faire peur, mais ça fait partie de ma recherche. Je m’efforce de ne porter aucun jugement positif ou négatif, juste de l’observation discrète car si je veux mettre un peu de mon client dans son identité visuelle, il faut que je comprenne qui il ou elle est.


Je vous vois venir ! Vous vous dites « mais elle est folle elle a donné les sources à sa cliente !!! Elle se coupe l’herbe sous le pied ! ». Pour être tout à fait honnête avec vous c’est ce que je pensais à mes débuts car c’est ce qu’on nous apprend dans les écoles et centres de formation : garder jalousement ses sources pour qu’en cas de besoin de modification le client soit obligé de revenir vers nous. Et j’ai appliqué cela au début. Cependant avec l’expérience j’ai appris que selon le contexte c’était une erreur. Découvrez bientôt dans un prochain article pourquoi.


Roxanne a apporté des documents de son entreprise mais aussi des exemples de design qui lui plaisent comme je le lui avais demandé. Je note donc que c’est une femme organisée et prévoyante, elle fait sa part du job. Top !

Elle me parle de son projet et de son besoin d’avoir la main sur des fichiers modifiables. J’insiste sur le fait que les logiciels de bureautique ne seront pas à la hauteur de ses espérances pour des raisons techniques, mais elle pense tester le maquettage du livre sur Word dans un premier temps. Wait and see, l’expérience me dit qu’on y reviendra 🙂

Nous parlons de l’identité visuelle, ce à quoi elle veut que ça corresponde. Elle me précise qu’elle n’a pas encore trouvé de nom pour son entreprise et espère obtenir mon aide. J’avoue que c’est pas ma spécialité en tant que graphiste. Il n’y a qu’à voir que mon entreprise porte mon nom, c’est dire à quel point j’étais inspirée ! Mais je ne me démonte pas, c’est parfois plus simple de trouver pour quelqu’un d’autre car on a le recul. Je lui dis que je peux l’aider dans sa recherche mais qu’elle aura toujours le dernier mot sur ce sujet.

Elle me montre quelques exemples de logos et d’arbres généalogiques aux formes modernes mais je ne la sens pas complètement emballée par ce qu’elle me montre. L’expérience me laisse penser qu’elle aime bien ces designs-là mais il manque le petit truc qui fait que ça lui ressemble pleinement. C’est pas un problème.

Les petits bavardages


Documents fournis par Roxanne pour mes recherches graphiquesDocuments fournis par Roxanne pour mes recherches graphiques

Je vous ai déjà parlé de l’importance des bavardages pendant un brief dans les coulisses de création pour Les Rêveuses. Ces petites dérives de conversation qui permettent d’apprendre à se connaître mutuellement. Parce que connaître le client c’est bien, mais se laisser connaître c’est aussi important pour la relation de confiance qui s’instaure, surtout sur un projet un peu long et si vous on ne veut pas que du one-shot.

Au cours de bavardages avec Roxanne elle me dit beaucoup aimer les vieux documents calligraphiés, ceux qui ont une histoire. Et que grâce à ces documents, et des documents de succession, elle peut retrouver des objets du quotidien ayant appartenus à la famille X et interpréter comment les gens de l’époque vivaient, l’impact de la grande Histoire sur eux mais aussi l’inverse. J’ai trouvé ça beau de redonner vie à des gens grâce à des bouts de papier et je me suis dit que ça serait bien si j’arrivais à y faire un petit clin d’œil dans son identité visuelle.

Elle me dit aussi avoir passé toute sa vie ici dans le Gard, qu’elle connait plus ou moins tout le monde, d’ailleurs elle connaissait le gérant de se café. C’est là que j’ai eu l’idée de prendre un végétal typique du Sud.


Revenons à nos moutons


J’ai trois pièces du puzzle mental : bleu-vert, authenticité, Sud de la France. Et dans mon esprit se forme les prémices de ce qui va être ma création mais pas assez pour en faire un croquis. Croquis que j’aurais dessiné sur un coin de feuille discrètement à l’abri de son regard. Je ne veux pas orienter le client trop tôt, mais pas perdre mes premières idées non plus. Nous revenons sur les designs qu’elle aime bien et on fait un petit tour sur Pinterest et faire une brève recherche.


Vous avez réfléchi à une couleur dominante ? Je demande en connaissant déjà la réponse.
Je pensais à un bleu canard… J’aime bien les tons bleu-vert.

Intuition confirmée. Vous vous souvenez ? Les boucles d’oreille, le haut… Bon, ça marche pas à tous les coups c’est vrai, on est pas toujours habillé de sa couleur préférée, mais dans l’ensemble de son look ça me paraissait évident.

Et pas un logo de parchemin. J’ai regardé ce que font les autres généalogistes et c’est toujours des logos à base de parchemin et plume, des arbres généalogiques très rococo. J’aime pas ça, je voudrais quelque chose de moderne.

Elle m’a montré les logos en question et on est bien d’accord ! Moi non plus c’est pas du tout ma tasse de thé.


Avis aux graphistes débutants : je ne l’ai pas précisé mais normalement le brief et la recherche graphique ne se fait qu’après la validation du devis et versement de l’acompte. Mais j’ai senti une réelle relation de confiance qui s’instaurait, j’ai lâché un peu du lest sur ce projet. Ne refaites pas ça avec tous vos clients.



Quelques exemples que Roxanne aimait bien

Pendant qu’on fait un peu de recherche graphique ensemble tout d’un coup j’ai l’idée.

– Vous aimez bien l’aquarelle ?
– Ah oui, j’aime bien
– Et ça vous dirais que je parte là-dessus ?
– Pourquoi pas ?


C’est un « pourquoi pas » (ou je ne sais plus comment elle l’a formulé) pas assez enthousiaste pour être totalement convaincu à mon goût.

– Voilà ce que je vais faire : je vais faire un ou deux essais de logo à l’aquarelle et un autre plus classique, en dessin tout numérique.
– Parfait ! Ça me va.


Et voilà comment on rassure une cliente qui ne sait pas où elle met les pieds 😉

– Donc je résume : une couleur dominante dans les tons vert-bleu, quelque chose qui montre que vous aimez les vieux documents mais un design moderne. On part sur quelque chose de fin, qui fasse ressortir le côté qualitatif de votre travail mais sans partir dans du grand luxe.
– C’est ça.


Le brief est fini, Roxanne ne le sait toujours pas, mais j’ai déjà l’idée de l’olivier en tête.

Pourquoi un olivier ?


Un bel olivier et son tronc noueuxUn bel olivier et son tronc noueux

L’olivier c’est l’arbre du Sud de la France par excellence. Il est à la fois rustique, noueux et élégant, idéal pour parler de tous les événements que peuvent rencontrer des générations de familles de gens comme vous et moi. Capable de pousser dans les températures extrêmes et terres arides du Sud, il symbolise également la force et porte bonheur. C’est une symbolique qui convient tellement à Roxanne et son travail que je ne peux pas passer à côté.

Et puis les couleurs du feuillage sont composées d’un mélange de vert et de bleu.


La création


Je fais quelques recherches graphiques pour confirmer ce que je pensais et m’aider à rester dans un style. Je sors d’un projet qui n’a rien à voir avec ce style et j’ai besoin d’une imprégnation totale pour ne pas partir dans tous les sens.

C’est là que j’ai l’idée d’ajouter une pointe de doré pour ajouter un petit côté chic mais sans en faire trop. L’idée est de montrer que ce que vend Roxanne sont des produits de qualité mais accessibles à tous.

En tout, je réalise pas moins de 4 essais à l’aquarelle. Tous ne sont pas des oliviers, je fais d’autres compositions végétales pour avoir une porte de sortie si je tape à côté avec l’olivier. Mais au fond de moi je sais que cet arbre donne la bonne direction.


Nous avons décidé de partir sur un logo avec du végétal pour que l’arbre généalogique ne soit qu’une déclinaison du logo et rester dans une identité visuelle cohérente.



Les logos fait main que j’ai proposé à Roxanne

Enfin, je propose un logo en vectoriel, entièrement réalisé sur Illustrator. L’avantage de ce procédé c’est que le vectoriel peut être agrandi à volonté, le résultat sera toujours propre. Ce qui n’est pas le cas avec le logo matriciel à l’aquarelle que je propose à Roxanne, mais elle n’a pas l’intention d’en faire une enseigne ou une bâche. Au maximum elle le fera imprimer un adhésif pour mettre sur sa voiture mais n’est pas sûre.

L’importance de faire appel à un graphiste professionnel c’est qu’il saura vous aiguiller pour savoir quelle est la méthode, ou l’approche, la plus adaptée à vos besoins. Ce qui n’est pas forcément le cas avec un graphiste amateur et encore moins avec un générateur de logo en ligne.

– T’as fini tes logos pour ta cliente ? Demande Nicolas (mon chéri)
– Oui
– Et tu te tâte à les envoyer tous ?
– Le truc c’est que pense savoir lequel elle va choisir mais je veux pas non plus la noyer sous trop d’informations.


Un logo en vectoriel style flat designUn logo en vectoriel style flat design

Finalement j’envoie toutes les propositions avec un texte explicatif qui justifie mes choix. Et mon Nico qui me connait bien…

– Arrête de stresser à chaque fois que t’envoie une créa ! Tu sais ce qu’il lui faut, fonce !

Et oui, mais que veux-tu ? Je peux pas m’en empêcher… J’y pose un peu mes tripes dans mes créations.

Mes choix graphiques


Je ne reviens pas sur l’olivier ni sur le doré puisque j’ai déjà expliqué la raison de ce choix. La typographie du nom de Roxanne est calligraphiée pour faire écho au fait-main, aux écritures sur les vieux documents mais en gardant une calligraphie moderne afin de ne pas avoir un logo qui vieillira trop vite. Enfin, le métier est en capitale sans serif pour accentuer le côté moderne mais également gagner en visibilité.


J’ai opté pour un logo sur une base ronde pour sa douceur et son symbole d’unité, en effet le rond est utilisé pour renvoyer au groupe soudé. Et arrêtez-moi si je me trompe, mais une famille qui veut garder un souvenir de ses ancêtres, demande un livre qui retrace leur histoire sur plusieurs générations et un arbre généalogique, c’est un groupe soudé.

J’ai toutefois donné un peu de rythme en utilisant des formes géométriques et en ajoutant des angles à cette forme ronde.

Comme je l’ai expliqué plus haut j’ai aussi réalisé d’autres versions de ce logo avec d’autres végétaux pour aller chercher d’autres couleurs. Mais au final, même moi je les trouve trop chargés.

Roxanne a finalement, comme je le pensais, choisi le logo à l’aquarelle qui représentait des branches d’olivier.

– Bah tu vois ! C’était pas la peine de te poser toutes ces questions ! Me dit Nicolas

Après quelques petites retouches, le logo définitif est apparu.


Le logo de Roxanne a une base aquarelleLe logo de Roxanne a une base aquarelle

La carte de visite




La carte de visite est un petit outil de communication bien pratique et bon marché. Là encore ça dépend de votre activité et de votre but, mais je pense quand même que c’est un incontournable. Vous pouvez la distribuer lors d’un afterwork, dans les commerces du coin, la glisser dans un paquet avec vos produits… Elle ne prend pas de place et contient l’essentiel de ce qu’il y a à savoir sur vous. Elle ne se substitue pas à la brochure ou la plaquette commerciale qui contiennent beaucoup plus d’informations et sont vraiment conçus pour présenter vos produits ou vos services.


Retenez juste que la carte de visite c’est un outil petit mais costaud.


Pour l’aider dans la conception de sa carte de visite, j’ai envoyé Roxanne chez un spécialiste de l’imprimerie, mon collaborateur David. Afin qu’il puisse l’aiguiller vers le bon grammage et la bonne finition en fonction de son budget. Je peux conseiller sur un grammage et une finition mais comme je ne connais pas les tarifs de tous les imprimeurs, c’est toujours compliqué pour moi de me prononcer quand on me demande combien ça coûte. Alors comme le projet de Roxanne est un projet à budget conséquent pour une entreprise qui démarre, j’ai préféré l’envoyer vers David pour ne pas risquer de lui raconter une bêtise.

Il vaut mieux perdre un peu de temps à prendre rendez-vous avec un imprimeur, voir les échantillons qu’il peut nous montrer et qu’il nous donne des tarifs précis que de rester dans le vague, prendre une décision précipitée et se retrouver avec une facture qu’on a pas anticipé.

– J’aimerai bien avoir un papier qui fasse comme votre papier d’aquarelle pour ma carte de visite. Vous croyez que c’est possible ?
– Sur un vrai papier aquarelle, je ne pense pas 🙂 Mais demandez à David s’il a une finition coton.


C’est là que je montre des anciennes créations ou des supports de communication récupérés un peu partout. Je sors ma boîte à biscuits ! Oui, oui, celle en métal la même que chez votre grand-mère ! Dans cette boîte j’ai plein de brochures, cartes, étiquettes que je garde pour leur texture, leur design. Ça m’est très utile lors de situations comme celle-ci.


Astuce pour les graphistes : toujours avoir une boîte à biscuits de chez mémé à la maison.



Il ne faut jamais partir sans biscuit. – Kimberley Faulkner


Roxanne opte pour une carte format standard, recto-verso en finition coton. Le papier est texturé et rappelle en effet le papier que j’utilise pour l’aquarelle, en moins épais. Un tel choix de papier accentue le côté authentique et humain. Elle a fait un choix judicieux.


L’arbre généalogique



j’ai réalisé de nombreux croquis avant de trouver la solution idéale

Le gros défi pour moi c’était celui-ci. Comment faire un arbre généalogique unique, pratique d’utilisation pour une débutante sur Illustrator et cohérent avec le logo ? A l’aquarelle, évidemment.
Alors je gribouille, je teste, je fais des mélanges de couleurs, je dessine les éléments séparés, les scanne puis les assemble sur Illustrator. Non, ça ne fonctionne pas.


un premier brouillon pas convainquantun premier brouillon pas convainquant

J’ai commencé par faire l’erreur de créer un arbre classique, partir de la première génération sur le tronc et le reste dans les branches et feuillages. Ensuite j’ai commis une autre erreur : utiliser des ronds comme « cases » pour écrire les noms des membres de la famille. Ces deux erreurs ne m’ont pas permis de faire quelque chose d’harmonieux…

Mais comme je suis têtue comme une mule j’ai insisté.

Un peu trop.

Après m’être cassé les dents deux ou trois jours je décide de changer de point de vue. De « penser design » comme le dit Laurent Brisset créateur de Brain Me, une chaîne Youtube pour graphistes.

Alors je pars promener mon chien (il m’aide à réfléchir) pour avoir l’esprit plus clair. C’est important de prendre l’air quand on est coincé.

Oui, je fais participer mon chien à mes projets, mais promis je n’exploite pas les animaux. C’est juste pour satisfaire sa curiosité.

  • – Pourquoi j’ai réussi à le faire un olivier en logo et pas en arbre généalogique, tu le sais toi, Fjord ?
  • – Rooooh… Wouf !
  • – T’as raison, je suis trop près faut que je prenne du recul.


Je m’éloigne et observe cet arbre.

  • Mais Fjord ! Tu es un génie !
  • – Rhoooooo…
  • – Sois pas si modeste, allez on rentre à la maison. Faut que je travaille pour payer ton prochain paquet de croquettes.

L’idée que Fjord a eu est très simple : utiliser l’arbre en petit en bas et composer un éclaté de fines branches au-dessus de l’arbre.

Nota Bene : Aucun chien n’a été privé de ses deux promenades quotidiennes et de ses séances de jeu au cours de la réalisation de ce projet.


Un olivier sous le soleil tapant du SudUn olivier sous le soleil tapant du Sud


Au final, grâce à une promenade avec mon fidèle compagnon à quatre pattes, j’ai peint cet arbre.



Ma version de l’olivier à l’aquarelle qui sert de base à l’arbre final

Puis j’ai peint ces branches.



Des branches aussi toutes faites à l’aquarelle

Et enfin, une fois scanné et assemblé cela donne le résultat que vous pouvez voir dans mon portfolio.

Je range et nomme bien les calques, verrouille ce qui ne doit pas être modifié, je créé des versions en format A3 et A2 selon les besoins de ma cliente, avec 3 à 8 générations et j’envoie le tout. Roxanne a investi dans une suite Adobe comprenant Photoshop, InDesign et Illustrator pour pouvoir modifier les documents que je lui envoie. Elle est très investie, elle ira loin.



Le livre de famille


– Kimberley, je crois qu’il va falloir changer le devis…
*gloups!* Ah ? Que se passe-t-il ?
– J’ai essayé de faire le livre de famille en prenant ma propre généalogie, mais je l’ai fait avec Word. Et quand je vois ce que j’ai fait à côté de ce que vous pouvez faire je me dis que c’est dommage…
– Mais si je vous maquette un livre à chaque fois que vous avez un client ça va vous coûter le prix de ma prestation, même si je vous fais un tarif préférentiel il faudra l’inclure à votre propre prix en plus d’une marge. Moi ça me pose pas de problème, mais c’est vous qui voyez.
– Peut-on faire comme pour l’arbre ?
– InDesign, c’est pas un pique-nique. C’est un niveau au-dessus par rapport à Illustrator. Il vous faudra au moins une demi-journée de formation rien que pour savoir utiliser les bases des outils dont vous aurez besoin.
– Alors ajoutez-le à votre facture.


Ah… Ah ouais… Roxanne est comme ça, elle a un besoin elle discute pas et fait en sorte de l’obtenir quitte à sortir de sa zone de confort. La plupart des autres clients auraient cherché à aller encore plus à l’économie, à utiliser un logiciel qu’ils connaissent déjà et donner, parfois malgré eux, du fil à retordre au graphiste, pas elle. J’aime bien 🙂

J’ai donc pour contrainte de faire quelque chose d’utilisable pour un débutant. Ça bride forcément mon imagination car il faut prendre en compte qu’elle ne pourra pas gérer toutes les subtilités du logiciel de mise en page.

Je créé alors une mise en page simple, en suivant les instructions qu’elle m’a donné avec un « mais s’il faut changer je vous fais confiance ». Vous le savez pas vous, les clients, mais ça… ça c’est ce qui nous donne envie de nous lever le matin à nous les graphistes 🙂 … Et l’odeur du café !

Après quelques jours de travail…

– Oh mais vous avez été rapide !

J’ai pas trouvé tant que ça, mais si vous le dites 🙂



Un livre qui retrace l’histoire de votre famille sur près de 10 générations

Roxanne a été une élève géniale. Attentive, prenant bien ses notes. J’ai été agréablement surprise car avant elle j’avais donné deux formations à un groupe de clients qui avaient été très indisciplinés et j’ai même dû les rappeler à l’ordre en leur lançant le fameux « Continuez à raconter vos vacances au lieu d’écouter ce que j’ai à vous dire sur l’utilisation de votre site, parce que j’ai répondu à cette question 3 fois déjà. Et je suis payée à l’heure… », mais au lieu de 2h de formation on en a mis 4 pour les deux formations… J’avais prévu donc un peu plus large avec Roxanne. Mais au final ça a été très rapide. On a profité de ce temps pour répondre à ses questions sur Illustrator et Photoshop.

– Des questions ?
– Non, vous avez bien répondu à tout. Votre formation est très complète, vous expliquez bien, c’est parfait.
– Ne parlez pas trop vite, voyez avec l’utilisation et n’hésitez pas à m’appeler si vous avez un soucis.
🙂

En guise de regain de confiance c’est super après les deux échecs une semaine plus tôt avec ces autres clients. Merci Roxanne, j’en avais besoin !

Un deuxième arbre généalogique


Roxanne avait idée, depuis le début de son projet de proposer une version plus enfantine de l’arbre généalogique. Mais pas pour tout de suite. Cependant, la vie d’entrepreneur réserve des surprises et sa surprise c’était une commande pour un cadeau de naissance.


Ma première idée était de faire une version juvénile de l'olivierMa première idée était de faire une version juvénile de l’olivier

– Il me le faut assez rapidement, je suis désolée ça change un peu le planning, mais vous le rajoutez à votre facture bien évidemment.

– Pas de problème, il vaut mieux que ça se passe comme ça pour vous, ça veut dire que votre activité décolle !

Alors il a fallu me briefer un peu sur ce qu’elle voulait. De l’aquarelle, of course. Il faut savoir que le domaine de la petite enfance me fait graphiquement peur. Je m’explique. On a deux école : ceux qui veulent du pastel car un bébé c’est tout doux, du rose pour les filles et du bleu pour les garçons. Et ceux qui veulent du non genré car « fille ou garçon c’est pareil ». On est pas là pour parler d’éducation, mais de design.

Et puis il y a moi qui essaie d’avoir un bébé depuis presque 2 ans maintenant et chez qui ça remue des trucs. Je suis pas trop à m’extasier devant un nouveau-né et je suis pas emballée à l’idée de faire du pastel ou du trop culcul la praline. Tout simplement parce que je crois que j’aime l’idée de casser un peu les codes graphiques de la petite enfance.

–  Je verrai bien quelque chose avec des animaux, mais surtout quelque chose de non genré. Que ça puisse passer pour une chambre de fille ou de garçon. Mais faut que ça plaise aussi aux parents. Demande Roxanne

Ouais, ça je peux faire. Ouf !



Après avoir pensé à quelque chose d’exotique je me suis rabattue vers une solution plus locale. Je pars sur la même idée que pour l’olivier mais en optant pour d’autres couleurs. Il me faut un arbre typique du Sud, mais avec un peu de pep’s. Ça ne serait pas trop moi s’il n’y avait pas de couleurs chaudes dans une déco de chambre de bébé. Mais je n’ai pas envie de faire un grand arbre. Un bébé c’est quoi ? C’est tout petit, c’est mignon… C’est une jeune pousse ! Alors son arbre généalogique sera une jeune pousse.

Je propose alors une version jeune pousse de l’olivier, mais aussi d’un arbousier. Ses feuilles sont d’un vert plus saturé, ses fruits rouges ajoutent le pep’s que je recherchais et il est aussi typique du Sud de la France.

Je rajoute quelques animaux de la forêt et champignons pour mettre un peu plus de vie et hop !


Je suis enceinte de 5 mois au moment où j’écris ces lignes. J’ai informé Roxanne que je lui passerai une commande de cet arbre pour décorer la chambre de mon fils. Donc si je le vois bien chez moi c’est que c’est pas trop neuneu. Du moins j’espère 😉



Et voilà un jeune arbousier réalisé à l’aquarelle selon la même technique que l’olivier

Le flyer


Pour le flyer, il n’a pas été question de dépenser plus que nécessaire. Roxanne est bien consciente qu’un prospectus a une durée de vie plus courte qu’une carte de visite. Ça fait mal au cœur, mais c’est ainsi. On peut tout de même augmenter sa durée de vie en réalisant un design très classe et en choisissant un papier de très haute qualité, accompagné d’un vernis ou d’un ciselage ça en fait un bel objet, mais Roxanne n’a clairement pas les moyens de se payer ce genre d’option. Il vaut mieux qu’elle commence avec quelque chose de plus basique, tout en restant soigné pour respecter la cohérence dans son identité visuelle.

J’aiguille un peu Roxanne sur ce qu’on attend comme contenu sur un flyer. Je ne lui rédige pas son texte, ce n’est pas mon rôle, mais le conseil fait toujours partie de mes prestations.

Finalement, Roxanne souhaite aller à l’essentiel, je suis donc restée sur une mise en page simple mais en utilisant d’anciens documents scannés que m’avait fourni Roxanne.


Un graphiste n’est ni devin, ni rédacteur. Certains font des fautes d’orthographe (dont moi) alors ne vous attendez pas à ce qu’il rédige votre flyer. Il vaut mieux lui donner un peu trop de texte en lui autorisant à le réduire si besoin que le laisser tout rédiger. Si votre support de communication nécessite de longs paragraphes, faites appel à un rédacteur. C’est son métier, il saura trouver les bonnes tournures de phrase pour parler de votre entreprise.



Le flyer de Roxanne est carré, recto-verso, elle est parée pour prospecter

Le bilan de cette collaboration


Aujourd’hui ce projet est terminé depuis quelques mois, Roxanne ne chôme pas, les arbres généalogiques rencontrent un grand succès et ça fait très plaisir.

Comme je le disais plus haut, la satisfaction et le succès de nos clients c’est ce qui nous donne vraiment la pêche quand on se lève le matin. C’est un vrai moteur. Il y a la passion, c’est vrai, mais voir un client qui repart avec le sourire c’est encore mieux.

Malgré les contraintes techniques liées aux besoins spécifiques de Roxanne, je peux dire que c’est un des projets les plus faciles qui m’ai été donné pour la simple et bonne raison que Roxanne a compris quel était mon rôle et le sien. Elle a compris où s’arrêtait mon travail et où commençait le sien, une cliente parfaitement réglo. Ça a été un réel bonheur de travailler pour elle et ce projet m’a reboostée pour proposer encore plus d’aquarelle.

Vous remarquerez d’ailleurs que mon identité visuelle a changé depuis 😉

Ce projet-là m’a donné une confiance de dingue en mes coups de pinceaux, je peux dire que ça a été décisif dans ma manière de travailler et dans les projets que je peux proposer. Depuis j’ai ouvert une boutique Displate pour vendre mes propres créations à des particuliers, je propose des faire-part, j’ose préciser à mes prospects que je peux leur proposer un style tout à l’aquarelle.

En tout cas, si vous êtes curieux de découvrir les petits secrets de vos ancêtres, n’hésitez pas à passer une commande auprès de Roxanne. Quand un métier est fait avec passion le résultat est toujours au top.

 

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